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Histoire du Château & des Forges Royales

Par Cyrille CHAZEAU

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L’église Saint-Pierre de Guérigny, dernière grande étape du projet urbain du baron de la Chaussade.

Deuxième partie : La consécration de 1767 et la description de l’église Saint-Pierre de Guérigny

Le 5 octobre 1767, monseigneur Tinseau peut constater que le baron Pierre Babaud de la Chaussade a bien tenu sa promesse un peu plus de vingt-cinq ans après sa première déclaration. Pour réaliser cette bénédiction, l’évêque de Nevers est accompagné outre le baron par son vicaire général, le curé d’Urzy et celui de Guérigny dénommé Greffier. Ils sont entourés par les ouvriers des Forges royales et la foule des paroissiens accourus en grand nombre. Monseigneur Tinseau visite l’église, procède à la bénédiction et célèbre la messe. Le procès-verbal parvenu jusqu’à nous propose une description minutieuse des lieux. Découvrons les en suivant le parcours effectué par le baron et sa famille lorsqu’ils assistaient à la messe : après avoir remonté depuis son château l’allée cavalière principale, il bifurque sur la droite entre le presbytère à sa droite et la Grande Auberge à sa gauche. Il traverse la place, observe la façade, d’ordre dorique, couronnée d’un fronton.

Tout autour du bâtiment une plate-bande de pierre est peinte. Sur cette litre selon la coutume, lorsqu’une église était construite, étaient sculptés les armes et l’écusson du fondateur ou du seigneur, haut justicier. Babaud de la Chaussade ne manque pas de s’y conformer et pouvait ainsi l’apercevoir lors de chaque office. Le baron ne rentre pas dans l’église par la grande porte carrée mais empreinte une petite entrée aujourd’hui condamnée côté clocher. Ce dernier est de taille modeste couvert en ardoise au même titre que la toiture Mansart. Le clocher abrite deux petites cloches Cette porte lui permet de prendre un escalier dérobé et d’accéder à une tribune. Il peut ainsi être vu de tous et voir lui-même la foule des paroissiens massée dans la nef. Cette dernière est éclairée par trois vitraux de chaque côté.

 

Le sol est constitué de grandes dalles de pierre. On sait grâce au procès-verbal de 1767 qu’il n’y a pas encore ni chaises, ni confessionnal. Le siège de monsieur le curé et le lutrin n’ont pas été emmenés de la chapelle du château. La lampe de cuivre qui doit être suspendue devant l’autel conformément aux canons n’est pas encore installée. Tout ceci est sans doute le signe de l’impatience dans laquelle se trouvait tous les acteurs de cette journée de découvrir et consacrer ce nouveau lieu de culte. La nef est séparée du cœur par une marche de pierre sur laquelle reposait une belle grille en fer. Cette dernière sépare désormais la nef des chapelles voisines. L’autel d’origine que le baron pouvait observer depuis sa tribune a été remplacé vers 1820 par celui de la chapelle du château des Bordes détruite par une tempête le 15 août 1806. Le retable en bois renferme un tableau d’assez grande dimension qui est là depuis l’origine et représente l’apôtre Saint-Pierre. À l’entrée du cœur existe un caveau sépultural dans lequel Babaud de la Chaussade avait exprimé le désir formel d’être enseveli. Mais sa volonté ne fut pas respectée et ce caveau ne servit jamais de sépulture. Cela tient au fait que la mort du baron survenue à Paris durant une période troublée (1792) a sans doute empêché le transfert du corps sur une distance de soixante lieues. Aujourd’hui l’emplacement du caveau est matérialisé au sol par une ancre.

À l’autre extrémité de l’édifice on peut au moment d’entrer dans la nef remarque un fort ancien bénitier provenant vraisemblablement de l’ancienne église dont il est l’unique vestige dans une construction qui partout à l’intérieur comme à l’extérieur, porte la marque du dernier tiers du XVIIIème siècle. Sur chacune des faces du bénitier est orné d’une tête grotesque comme on en rencontre souvent dans l’architecture religieuse du Moyen-Age. Lors de la bénédiction, l’église a été placée sous le vocable de Saint-Pierre et Saint-Amand. Le temps a privilégié le nom de Saint-Pierre sans doute en référence au prénom du baron de la Chaussade. C’était le signe aussi que le souvenir du village d’origine et de son église s’effacèrent assez rapidement des mémoires.

À sa sortie de l’office, le baron avant de regagner son château pouvait se rendre dans le nouveau cimetière qui occupait l’actuelle place Jean-Jaurès. Mais d’une superficie de 18 ares, il ne tarda pas à être trop étroit. C’est en 1835 que l’on décide de le transférer à son emplacement actuel. L’Etat accorde à cette occasion à la commune une concession pour un terrain provenant des Forges royales d’une superficie de 1.5 hectare. Il sera clos par décision municipale en 1865 et porte aujourd’hui le nom de Jules-Renault (1873-1960), créateur et secrétaire général honoraire de la Société d’Entraide des membres de la Légion d’Honneur (Je reviendrai dans un autre épisode plus en détail sur ce personnage inhumé à Guérigny).

Je vous invite pour en savoir plus à lire un article de Jean-Paul Gauthron à paraître dans le prochain Marteau-Pilon, Tome XXXV.

Sources : Note sur l’église, le presbytère et le cimetière de Guérigny par Jean-Paul Gauthron. Bulletins de la Société nivernaise, tome III et V, Dictionnaire de Soultrait sur Guérigny.

 

Pour illustrer cette seconde partie, je vous partage des photographies personnelles de l’extérieur de l’église Saint-Pierre de Guérigny, des cartes postales (collection Cléau) notamment de l’intérieur, le plan au moment de la consécration (note sur l’église de Guérigny par Jean-Paul Gauthron page 8 et la cloche de l’église Saint-Amand (Musée Forges et Marines).

À bientôt pour un nouvel épisode.

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